Du 4 au 7 janvier 2017
Mission stop Lugajeros-Agaete: Route magique qui serpente entre les sommets aux mille cavités secrètes avant de finir sa course au bord de l’océan.
Passée la lumineuse Galdar, grignotant les versants d’une montagne autrefois vénérée, el coche nous laisse en plein Agaete: Nos compagnons prennent le temps de nous montrer le meilleur bar de la place, en pleine confiance nous allons y passer toute la soirée.


« La perrola », son patron taciturne, le vino casero et ce petit couple avec qui nous entamons la conversation. Collin habite à la Palma, il s’est inscrit comme étudiant en formation de garde forestier. Juglia ne faisait que passer sur la petite île occidentale avec sa moitié et le vent s’est mis à tourner. Se sentant de trop, la moitié de Giulia est répartie de son côté et c’est ainsi que naquit un nouveau duo d’apprentis tourtereaux.
Giulia nous met en garde à propos des bouleversements émotionnels que peut provoquer La Palma qu’elle a rebaptisé pour l’occasion « la lavadora ». Passer notre amour à la machine…Historias de corazon, de couples qui se délient, se recomposent, d’associations surprenantes, de combinaisons fortuites….Coïncidence ou réalité de la science? Le plus grand des mystères humains…
Notre quatuor se délocalise pour continuer la fiesta en musique au bord de charcos (piscines naturelles) accompagnés de Raïco, impressionnant golgoth qui descendant du peuple guanche.
Nous concluons la journée par une virée dans un parc et une installation sommaire à l’abri d’une maloca (hutte).
Un dia nuboso soldé par une fuite vers la capitale.
Réveil bavard malgré nos têtes en coltard, Collin et Giulia remballent tranquillement leur petit hamac pendant qu’on se laisse embrasser par la langueur insulaire.
Découverte du port, camp de base du ferry-express pour Tenerife, à bâbord le catama’stodonte et une paire de barcasses en berne, à tribord une écrasante montagne à la mordor.


Abasourdis par ce triste décor, nous nous précipitons aux piscines naturelles pour y brasser nos corps de loutres sales sous un petit crachin.


De tout discret, le grain se fait omniprésent et nous nous laissons porter par nos nouveaux compères en sautant dans la guagua de 17h pour rallier la grande capitale.
Première session dans la gran ciudad de Las Palmas.
À peine sortis de la guagua station, on se fait inonder par une nuée de populasse agglutinée dans les calles pour assister au défilé de Los Reyes Magos. À côté de la plaza San Telmo, une foule pleine de gosses en transe bouffe des yeux les chars de bob l’éponge et mickey, bienvenus dans le noël à l’espagnol. De zigzags en esquives, on tombe sur notre providence, le café autogéré » Despacio » qui nous adopte direct et dilue notre fatigue avec ses bières artisanales et sodas-guaranito. Concert de « Carretero infinito », ukulele, harmo, percus et chant super faux!

Ils sont adorables mais quand ils s’arrêtent, nos oreilles peuvent enfin respirer de nouveau; Vaya, à nous de jouer! Dans le coin biblio communiste, il chevauche le piano, elle sort le saxo et très vite autour de nous ça se rassemble! Berbèr et Franck le roi du saxo, Yuko et Daniel duo germano-japonese et le meilleur pour la fin j’ai nommé Vittorio l’italiano vero et Juana sa chérie bulgare serveuse du Despacio!
La jam nous monte au ciel mais il est bientôt l’heure de voler de nos propres ailes. Quelques bars intermédiaires plus loin, nous entamons une éprouvante caminata le long du port pour arriver enfin à la playa Alcaravaneras où nous nous échouons comme des baleineaux dans une mini barque qui nous protège du vent. Gracias Mamacita ola, pour ta bienveillante berceuse permanente…

Lendemain matin, accolades d’au revoir avec Collin et Giulia au café du port.
Le couple amoureux lui aussi se disloque. Un « il », une « elle », valse duettiste qui roucoule dans ce nid bananier avant que ne vienne le temps maudit qui les regardera mal gré se séparer. Deux oiseaux équilibristes dans la pesanteur de leurs folles envies, l’agitation bruyante de leurs ailes en feu qui cherchent à rejoindre ensemble le bord de l’eau, pour sa ligne de fraîcheur…
On entend les marins de plaisance discuter au sujet d’un vent de sud-est, qui perle en rafales atteignant les 60kms/h. Aujourd’hui les voiliers, statues de cire, resteront figés dans la marina. On oublie le plan bateau-stop pour rebondir sur l’idée de sortir au plus vite de babylonia city.
Guagua, retour au calme de la provincia.
On visite Arucas, célèbre pour sa distillerie de rhum, et peut-être aussi pour sa basilique gothique toute vêtue de noire, veuve glauque en paradoxe avec l’esprit petit village blanchi de chaux. On grimpe comme des chèvres entre éboulis et figues de barbarie, nous frayant un chemin escarpé pour éviter la piste macadam. Superbe vue panoramique sur les voisines Fuerteventura et Tenerife si fière d’arborer son monte Teide. Redescente de l’extrême, rasant les murs en décrépitude des cultures bananières. Un couple d’allemands finit par nous prendre en pitié et nous ramène à la vie, cherchant comme nous les caresses de l’eau.
Pause détente et baño sur la crique charmante de Puertillo.


Ballade sous la lune et accueil de luxe al « Huequito del Nino », piscolabis (bar à tapas) bien tipico où tout est bon et barrato. Les petits papis picolent devant le football partido pendant qu’on reprend vie face aux tapitas: ensaladilla de pulpo et ropa vieja, la spécialité canarienne composée de pois-chiches et triple viandes en sauce. Chauds pour se coucher ultra tôt, tout peinards dans la criquounette de Puertillo, quand soudain, v’là t’y pas qu’à 22h30, trois coños de mal éducado décident de nous attaquer en utilisant un gros matou grabataire (ou défoncé à la souflette par leurs soins malfaisants, on ne le saura jamais…) comme projectile. Bruit sourd contre la tente et hurlements à la mort du gato loco; Nuit entrecoupée de stress et méfiance, les trois borrachos restant là à médire de nous le cul et la botella posés sur leur muret.
Au matin, encore tout remués par cette phase malsaine tout droit tirée d’un mauvais remake d' »Orange mecanique », on se ressert une réconfortante salade de pulpito bajo el sol…

Puis on part se faire les chevilles dans la caillasse en quête de la « Quintilla », spot à grosses vagues de surfistas. Le sourire de Julien m’éblouit encore plus que le soleil. Baignade purificatrice, on repart à bloc d’oxygène iodé.
Retour à Las Palmas pour boeuf sur toit-terrasse.
Arrivée sur la paseo avec vue sur la playa de las Canteras, on sirote un zumo de mango. Pas pressées de déferler, les vagues en cette fin d’après-midi sont aussi tranquilles que les canarios.
Vittorio nous a invité à sa soirée musica sur techo.

On retrouve avec bonheur toute l’équipe du café despacio: Parmi eux, les amoureux hollandais, Francki et la solaire Berber qui déploit pour nous ses talents de conteuse avant qu’on aille se coucher sur un petit nuage, la tête pleine d’images oniriques inspirées par son histoire chevaleresque.
On squatte dans une tente d’ami mise à notre disposition sur le toit, et nous réveillons mi-reposés pour le brunch collectif. Ju veut changer de tête, Del débute alors sa carrière de coiffeuse réalisant une tonte spéciale look de footballeur; Un Julito tout neuf et ça repart!

Compras au mercado de Vegueta, passons devant la casa de Colon avant de sauter dans la guagua pour San Mateo, pueblo spécialiste du quesito fresco.
Prochain objectif:
Plein Ouest pour Guigui, la playa de rêve cachée derrière les falaises.
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